Dans le frémissement de l’eau – un rien l’anime –, Effluves, mouvances et voix m’effraient toujours Lorsqu’en vain je les guette à la tombée du jour Et que l’eau s’envenime.
La pierre m’envahit et mon souffle s’évade, Je puis encor le suivre un instant du regard Avant de m’enfoncer immobile et hagard Dans la froidure fade.
Et mon sang, c’est la vase à mes pieds qui digère : Où reste ma mémoire ? Est-ce cette lueur Dans mon œil pétrifié, cette infime sueur A la nuit étrangère
Et qui, bien au-delà de cette nuit lucide, Envahit tout l’espace et le temps garrotté Et le trou noir des sens et le cri chuchoté Sur la marge du vide ?