Les traits quelque peu alourdis par l’alcool Il regarde en direction du large fleuve Où coulent souples et indolents zincs et cuivres Inexorablement attirés par le soleil qui se meurt
Orphelin de tant de ressacs anciens Il s’appuie sans expression sur le visage A la balustrade de la terrasse maintenant déserte Et que poisse l’humidité du soir
Il ne connaît toujours pas le nom De cet oiseau qui laisse choir chaque soir Un cri pareil à la note la plus grave Du hautbois ou du basson
Et maintenant que toutes les voix humaines Se sont tues c’est un autre monde Qui se lève avec lenteur Attendant pour vivre enfin Que le soleil se soit enfoncé Pour de bon dans le fleuve Et laisse s’étaler la nuit opulente