A l’heure Où les graves porteurs de cloches Traversent ployés et lumineux Les campagnes épaules endolories engourdies Par les sangles Et au bout des doigts D’infimes braises de ferveur
Ce n’est audelà de la mémoire Ni la nuit ni le jour Pour l’immobile noyer effeuillé Que le vent de suroît semble Contourner comme épeuré soudain De cette masse aveugle Brusquement surgie
Blanches encore D’anciennes présences familières Dont plus personne aujourd’hui Ne pourrait mot dire Des chaises sont çà et là Posées de par le paysage De haies de prairies fanées De friches échevelées
Couchée sur une table verdie Une bouteille encore bouchée Et plus loin un bout de ruban Qui palpite oublié Sur une branche morte
Et le silence plus lourd que le bronze Des porteurs de cloches Qui se suivent maintenant édentés et hagards Sur la crête de la colline
Et ce regard bleu Qui les suit presque éteint C’est celui Au détour mort d’un ruisseau D’un visage abandonné Dans l’eau qui stagne Celui d’un bébé de Celluloïd Qui n’a plus Ni jambes ni bras