Impassibles Parmi les voix fantomatiques des feuillages Et les frémissements des rayons du soir Ce ne sont pas les souvenirs qui défilent Mais comme des compagnons nouveaux Hésitants et inconnus Qu’il faudra mettre à l’épreuve Des strates du futur Des brumes anxieuses Des eaux plus fraîches qui sans cesse reculent Et qui clapoteront brusquement sous les pas Au plus éperdu des douloureuses errances
Impassible Humble et tranquille Ce silence sera sa propre semence Lorsque sans le moindre obstacle Le soleil achèvera sa course lisse En flottant un instant au bord de l’eau Non pas rougeoyant mais d’un blanc d’albâtre Et que le brouillard remontera le flot Pour soustraire à la nuit ces étendues Qu’il couvre de sa bénédiction
Impassible C’est une paix Où ne se meuvent nulle vie nulle mort Comme un souffle en allé de son âme Ou le néant qui tourne sur lui-même Possesseur unique de mondes Qu’il fait et défait à sa guise
Impassible encore C’est l’ineffable et l’indicible Qui se multiplie et se démesure Et qui irise à l’infini sa perception Comme pour se distraire un peu D’être unique
Impassibles Quand la nuit recommence ses calculs En déplaçant sans un signe Ses paramètres obstinés Impassibles Les rochers du détroit Que la lumière frappe encore un instant Au plus tendre des rétines