Que le céleste doigt, qui m’a insufflé la vie Se gangrène dans son gant en soie de Chine Qu’enfin, survient la sécheresse des sentiments Et que tarissent nos abondantes larmes Que grondent les tonnerres, dans les regards meurtris de nos Qu’éclatent les colères enfouies ! Que les éclairs zèbrent notre mémoire tatouée ! Que la neige noircit dans nos rêves ! Que les lendemains dépérissent lentement ! Que les cimes des montagnes s’effondrent sur nos tentes ! Nous avons toujours béni les cieux Nous avons toujours admis le destin Nous avons toujours courbé l’échine Nous avons toujours mordu la poussière
Mes chers fils et filles Rejoignez les hordes des cavaliers sans terre Mourez-en silence et refusez tout linceul venu d’Arabie Drapez-vous de feuilles de vigne et pour coiffe prenez épine Golgotha est votre lieu de naissance et le Mont des oliviers Suicidez vos soupirs et de vos creux de main faites des encr Salez vos cœurs et corps pour la saison prochaine Lapidez les colombes qui hantent vos plaines
Cette année la moisson sera bonne L’orge et le blé seront par tonnes Les amandes douces et les olives Les abricots les oranges et les figues Notre seule richesse tient dans une besace en peau de chèvre Notre faim date des premières disettes Notre soif est mère du temps qui coule Notre plaie est faite de paille et d’argile
Que nos voix soient une ! Que nos prières funèbres soient silence ! Que nos nuits soient blanches ! Que nos entrailles soient étanches ! Que nos blessures soient franches !