Dans le couloir du wagon Ils sont l’un contre l’autre, Jeunes, étudiants, Dans leurs premières amours. Ils s’embrassent longuement Dans une totale impudeur, Avec ce zeste de bravade Envers les bien-pensants Les sévères Les adeptes de la morale à deux vitesses. Jugements pour autrui, Tolérance pour soi-même. J’ai dans les yeux une lueur amusée Devant l’indifférence des uns, La réprobation muette des autres. Tant de fraîcheur éclot Dans le déni du qu’en dira-t-on ! Volonté de s’affirmer D’afficher leur droits, leur jeunesse. Parmi les jalousies coincées Du conflit des générations Il me vient une certaine nostalgie D’un manque d’audace à leur âge, Teinté de projections futures et pudiques. Comme l’insolence saine De leur élan juvénile Me paraît préférable A tant de rendez-vous cachés !