Je n’ai pas d’énergie Et le temps est si gris ! La pluie froide et têtue Habille l’hiver tout nu. La vaisselle dans l’évier M’accueille au déjeuner. Et mon œil vide l’évite Déjà découragé. Le chien me fait la fête Et me chauffe le cœur. Tout un jour à tirer… Mais à quoi faire, bon Dieu !? Foutaises que le ménage Et toutes ses serpillières Et ses grains de poussière A traquer, aspirer Alors que tous leurs frères Reviendront s’installer. Oh ! Pesante besogne Sans cesse renouvelée. J’ai faim de succulence De divers restaurants Car mijoter un plat Ne me dit rien qui vaille. Mon couteau pèse une tonne Sur la pauvre tartine Que déjà résignée Je vais vite avaler. M’habiller ? Pensez-vous ! Je n’en ai pas envie Traîne ma robe d’hôtesse Jusqu’au poste TV. Et je zappe, et je zappe De bouts de phrases… En bouts d’images, Déjà désenchantée. Le temps s’inscrit Pesant d’une lenteur exaspérante Sur l’horloge du magnéto. Dans le vide des programmes J’ai l’esprit qui s’évade Ou pire encore, ressasse, Jusqu’à l’ heure où enfin La maison résonne de pas Tout autres que les miens. Et si votre lecture Vous laisse incrédule, Je vous envie, vous. Mais oui, je vous envie, Car pour vous la déprime N’est sans doute qu’un mot. Un mot au dictionnaire A bien d’autres pareils Alors qu’il est pour moi L’univers carcéral D’un être fatigué.