Il subsistait en moi, espace disponible, Une zone curieuse ouverte aux neufs savoirs. Mais la crainte sournoise en occultait l’entrée, Phobie de la technique, réticence angoissée. Le rejet péremptoire, attitude passée, Tendait dans le présent les enfants du refus, Teintait l’apprentissage et freinait les acquis. Puis le jeu s’est mêlé aux touches du clavier ; L’écran d’ordinateur a envahi ma vie. Il supplantait gaiement la machine à écrire, Conquérait l’adhésion à tous ses avantages. L’écran me fournissait sur la page imprimée Un centrage impeccable et dénué d’efforts... Et les fautes de frappe, indésirables taches Disparaissaient à l’ordre en un clin d’oeil furtif. Collages, insertions et manoeuvres ludiques Elargissent le champ des réalisations. Je m’observe, surprise, exempte de regrets Pour mon Olivetti et sa soeur électrique. L’attraction du progrès, qui baignait mes vingt ans Emerge à la surface où mon cerveau l’attend. Mon coeur vivait déjà un esprit de jouvence, Voilà que l’intellect s’approprie sa part ! Des possibles nouveaux entrouvrent un chemin Où l’avenir n’est pas un souvenir éteint. Il me reste pourtant une conscience inquiète Des fonctions que détruit l’envahissant engin. Trouvaille irréversible, il faudra s’adapter Découvrir d’autres voies créatrices d’emploi. De nuages ombrés mon plaisir se colore, Aussitôt combattus par un élan vital. A rien ne servirait que je sois passéiste Le futur a besoin de tous nos potentiels.