Dans toutes nos petites rues Sa charrette ne vient plus. Sa voix ne résonne plus, Annonçant : « Ménagères, Me voici de passage, Sortez et affûtez. » Voix rocailleuse et mâle Dominant tous les bruits. Station devant une porte, Et la meule qui crisse, Aiguise, répare et mord Le tranchant de métal Qu’il faut rendre à la vie ! Petite musique abrupte Avant que fiers ciseaux Ou couteaux domestiques Retrouvent leurs tiroirs. Rémouleur, tu me manques. Le couteau électrique N’a pas la même poésie Même s’il est plus pratique Et jamais défaillant. Mais foin de nostalgie ! Vivons donc notre époque. Qui sait ? Dans cinquante ans, Mon couteau cordonné Fera-t-il figure D’un aïeul esseulé ?!