J’ai si peur de mourir ! De quitter cette terre... Je te laisserais seul Et le chagrin m’oppresse. Laisse-moi donc pleurer ! Les larmes bienfaisantes, Si longtemps contenues, Coulent de mes paupières Et soulagent mon coeur. Une brusque colère En interrompt le cours. La révolte est grondante : Je ne veux pas mourir ! Et si ce Dieu existe, Je le hais puissamment ! Je refuse le sort ! D’où me vient ce destin Absurde et repoussant ? Quelle horrible sentence Mettrait un point final à l’humaine existence D’un coeur sentimental ? Tant d’années m’attendaient Au seuil des cinquante ans ! Du moins, je l’espérais... N’y crois plus maintenant. L’issue est incertaine. Peut-être le cancer, Hideux épouvantail, Me laissera-t-il, craintive, Poursuivre mon chemin ? Je ne puis m’empêcher D’imaginer le pire : Ma dépouille glacée Dépourvue d’un sourire ! Vous seriez orphelins D’un rire affectueux Et ce serait la fin D’un sentiment heureux !