Le ciel, le purgatoire, l’enfer Peuplaient mon catéchisme Et mon imaginaire. Le ciel était immédiate promesse Pour qui écoutait toujours L’ange gardien d’Amour. Toute humaine faiblesse Amenait au purgatoire Et ses mystères ostentatoires. Sans doute cela devait-il ressembler A recevoir les jouets désirés… Sans pouvoir les utiliser ? Quant au diable cornu de nos petits missels , Il semait l’épouvante universelle. C’est du moins ce que nous croyions Car nous ne savions pas Que des enfants comme moi Vivaient sans religion. Les carcans angéliques Et tentations démoniaques Enserraient notre cœur, Y semaient la terreur. Nous comptions nos péchés Avant d’les confesser : D’abord les véniels, petits, Et puis les capitaux, honnis. Dans le moindre plaisir, la culpabilité Accourait s’immiscer. Les flammes de l’enfer Brûleraient notre chair. Dur spectre redoutable… Et sort épouvantable ! Les années ont passé, Ont enfin dilué, Jusqu’à la voir noyée, Notre crédulité. Ce ne fut pas radical, Car des craintes bancales Envahissaient parfois Nos esprits en émoi, Agitant le possible, Le douteux, l’improbable. Les années ont passé… Anges et diable oubliés Ne me sont plus qu’images Guère plus agitées Pour rendre l’enfant sage. Loin du surnaturel, De l’enfer et du ciel, Je puis enfin mieux vivre. C’est dans le rationnel Que mon esprit s’enivre.