C’est un sommeil léger Où fleurissent les rêves Qu’on peut sans se méfier Ciseler en orfèvres. Tour à tour saugrenus, Horribles ou romantiques, Ils rédigent un menu Ou plaisant ou cynique. Nous n’avons pas le moindre choix : Ils envahissent notre nuit, Nous laissent dans le désarroi Dès que l’inconscience finit. Des souvenirs précis Ou de vagues terreurs Nous cernent, démunis, Quand fuit le déserteur. Ou des faits disloqués encore Suspendent le cours de notre sort. L’obscurité complice Tisse la toile de l’inquiétude Et parfois pleine de délices Nous offre la « béatitude ». Elle est au fait très ignorante De notre angoisse personnelle : Nous sommes seuls dans la tourmente Ou dans l’ivresse exceptionnelle. Elle reviendra, indifférente, Prendre relais de la journée. C’est à l’horloge stupéfiante Que notre vie s’est accrochée.