Parmi la multitude Eplorée, décharnée, Jaillit la certitude D’un peuple sacrifié. Filiformes, tremblants, Ils s’offrent au regard, Misérables mendiants : Il est déjà trop tard. La mort sévit, cruelle. Les cadavres épars Se ramassent à la pelle Sans l’ombre d’un retard. Implacable destin Où l’aide humanitaire Ne cerne pas la fin D’une froide misère. Repus et satisfaits, Nous vivons décemment ; Ce n’est pas l’imparfait Qui aujourd’hui s’étend. C’est la famine éparse Aux tentacules noirs. Et tous ses durs comparses Se repaissent d’histoire Ecrite au sang épais Gelifié désormais. Gel de l’indifférence Aux béances troublantes Complice des carences D’une amère épouvante. Que peut l’espoir ténu D’un lendemain meilleur Devant l’œil sec et nu D’un terrible malheur ?