La nature est fantasque, Aime se déguiser. Ele se pare aux fêtes D’un long manteau d’hermine, Pose sur les sapins Guirlandes enneigées. Sa robe de mariée Scintille en février. La douce somnolence Devient timidité. De tendres bourgeons naissent Aux branches décharnées. Perce-neige et crocus Devancent la jonquille Et la fière tulipe Sur les volants brodés. Alors vient l’opulence : La chaude et lourde étoffe De sa robe d’été Abrite fleurs et fruits Aux parfums colorés. Sa chevelure épaisse De verts touffus, variés Se répand luxuriante Sur un grand décolleté. Mais la mélancolie à grands pas s’introduit Dans son âme alanguie. Elle teinte de rouille Ses tenues dépuillées. Cendrillon naturelle Perd ses lambeaux dorés, Aborde, décharnée, Le coucher de l’année. Mais qu’à cela ne tienne ! Au nouveau jour de l’an Elle épouse le ciel Sous son grand voile blanc. Eternelle promise à de fiers renouveaux, La nature est soumise, Sans daigner le montrer, Au Noble Sablier. Mais faites-lui confiance, Son choix la guidera Vers toutes les nuances Que son humeur voudra. Sa toilette varie Au gré de son vouloir, économe ou prodigue, Tardive ou très pressée. La nature est fantasque Très souvent nous surprend Et malgré les bourrasques, Nous restons ses amants.