Tant de mots volent Plumetis légers, aériens Dans les rondeurs de phrases banales ! Tant de mots sèchent Longs et courts Sur la corde des chagrins et des heurts ! Tant de mots se piquent Polémistes et passionnés En des joutes larvées ! Tant de mots gais, tristes Pratiques Pragmatiques Pimentent les actes des jours ! Tant de mots inutiles Bloquent entre cœur et lèvres Les mots de l’aveu. Billes dures de pudeur Craintives d’être exploitées Lissées au mensonge de l’imparfait Projetées dans le souffle puissant De colères Cachées dans les aspérités de ma gorge Pépites lourdes Bousculées Dans le flot de paroles De consentements rares et brefs. Elles n’ont pas franchi depuis des ans La barrière émaillée de mes dents. Trois petits mots Si pleins, lourds et légers Bloqués, muets Devant tes yeux : « Je t’aime » Trois petits mots que je dirai Ou que j’oublierai : « Je t’aime ».