Je suis née le premier jour de la "première guerre ", Mon berceau était secoué sur un vélo de fortune. Les gens fuyaient, quittaient dans un tonnerre, Sous des cieux rouges leur terre avec amertume ; Des enfants couraient ébahis et sales Derrière des matelas, des meubles de famille, Embarqués sur des charrettes, en guenilles, Pleurant et criant " non " à l'horreur qui s'installe.
Je suis née ce jour là pensant que c'est une " fête " Aux couleurs arc-en-ciel et pétards qui fusent, Je pensais déjà dans ma petite tête Qu'ici courir, pleurer, abandonner seraient mes muses ; Ce fut ainsi pendant quelques années, Je grandissais les yeux éberlués, Et puis, sortie de ce cauchemar, J'ai rêvé à des cours d'école, des poupées, des jeux de hasard, Une vraie robe, un morceau de vrai pain, Un savon pour laver les mains, N'ayant surtout pas l'idée, la moindre venue m'effleurer Qu'en coulisses la scène s'apprêtait à être rejouée.