Apaise ton âme ou ton esprit si tu préfères. Eloigne de son horizon les vieilles chimères, Ces tortures inutiles que tu as endurées Comme faites à dessein pour te provoquer. Tu ne veux qu’être heureux(se), n’est-ce pas ? Mais dès ton lever et ton premier pas, Se met à souffler cet atroce ouragan Qui bouscule la paix de ton conscient ! Et voilà que surviennent des images d’horreurs ; Alors qu’attablé aux suaves senteurs De ton petit-déjeuner sensé t’apaiser, Elles se mettent en route à te tourmenter. Mais oui, tu lis bien, ce sont des images Aussi furtives que peuvent être les ramages D’une multitude d’oiseaux qui s’ébrouent au jardin, Connaissant, eux-seuls, la partition de leurs refrains ! Frappe dans tes mains comme tu sais le faire Et l’armée des musiciens quittera ton monastère !
II
Ainsi tu deviendras l’artisan de tes pensées. A la longue, lassées d’être gouvernées Par un maître subitement ayant pris leur contrôle, Elles t’obéiront et cesseront enfin leur course folle. Comme ton petit café te comblera alors de joie, Lui, qui n’était qu’une potion amère de surcroît ! Tu ne seras plus comme par miracle soudainement Le souffre-douleur désigné à l’échafaud des tourments. Le passé dissipé comme la brume du matin, Les lendemains n’ayant plus leur pain quotidien, Tu iras libre et joyeux(se) décidant de chaque pas, De chaque ailleurs, sans souci de l’au-delà Que tu auras délibérément confié A qui veux bien en disserter.
III
Libre à chacun en effet de philosopher C’est là aussi le secret de la pensée. Mais il peut sembler saugrenu De tant songer et croire en l’inconnu. Alors que devant notre maison Se pose sur la fleur un tendre papillon. Elle comme lui n’ont qu’un seul destin : Réjouir notre oeil et ne penser à rien. Tout n’est vrai que maintenant : N’est-ce au fond ce que mieux tu entends, Avant que ces merveilles de poésie Ne te quittent pour l’éveil d’une autre vie ?
IV
Tu as bien compris maintenant que tu ne pouvais Garder définitivement ni fleurs ni papillons à jamais. Ces beautés colorées de nos jardins S’envolent comme les rêves au petit matin. A peine les as-tu saisies