As-tu connu des ogres mange-sans-faim Et aussi des bandits de grands chemins, Des timides extrêmes, des menteurs, Tous revêtus de la même rigueur , Convaincus les pieds dans la glaise D’y être parfaitement à l’aise ?
Les ogres, eux, bourrent avec désespoir Leurs panses, nez et bourses de billets, Affluent sans cesse aux urinoirs, Rêvent de sommets, largeurs, quantités. Sauve qui peut à tout voisinage De ces reliques anthropophages, Issues par erreur d’une mère Lui venant voler sa propre terre !
Mais pour satisfaire tant d’appétit L’ogre se doit aussi d’être bandit. L’un ne va pas sans l’autre, dirais-tu ; Alors, connais-tu ces deux malotrus ? Tu fus peut-être un jour délestée, Une arme sur la tempe ajustée, Par l’un ou l’autre de ces complices Du fruit entier de tes services !
Mais ces hommes sont “des purs et des vrais ” Ceux qui, à tes yeux, ne plient jamais, Et s’ils t’effraient et te bousculent Ne sont pour toi que légères crapules !
Femme, alors, tu préfères le bandit Au timide caché au fond de son lit, Peu louable aux yeux de tes enfants A embrasser les défis de leur temps !
Enfin, lassée de ces faux compagnons Tu berce ton âme d’un menteur trognon ! Tu ne sauras jamais d’où il vient Et t’aimera ses mensonges en main !
Femme, prend garde aux princes masqués Endimanchés sur de beaux destriers. Ce sont là des artifices déployés Pour d’anciennes croisades du passé !