Il est des terres de rêve où l’Océan Est si clair et si vert que les poissons Ont choisi toutes les lumières de la création Pour le colorer tel un précieux diamant
Et les cocotiers se penchent bien bas vers le sable doré Pour se mirer parfois au détour d’une anse ou d’une baie Ou plonger enivrés d’un soleil si vrai Parmi ces êtres du bout de nos pensées
Ici rien n’est pareil pas même la pauvreté Jetée à nos figures pendant nos tristes repas La Caraïbe est le joyau des joyaux ici-bas Et aime à ignorer nos banals dangers.
Fleurs et fruits sucrés abondent en quantité Au paradis de l’Arc Antillais Haïtiens, Martiniquais Comme le même bonheur à partager,
Mais ces teints semblables gorgés de soleil Pourtant si proches voisins Partis souvent des mêmes coins N’ont aujourd’hui les fruits pareils
Comme des cocotiers fauchés de trop pencher Comme la mer de la flibuste endiablée Comme des hommes sourds à jamais Haïti vient de sombrer
Les plaques sous le diamant de l’océan Ont vibré, emportant d’une terre sans espoir Sous les ruines de la hâte la plus noire L’avenir et ses enfants
Quand cet Eldorado promis balaiera ses plaies Quand les promesses à nouveau reparaîtront Les fleurs refleuriront Sur les milliers de cartables enterrés
Il est des terres de rêve où l’océan Est si clair qu’il se reflête parfois Dans les yeux des enfants.