J’aimerais pouvoir un jour me taire enfin Et goûter un délicieux silence sans fin. Parfois, tel un nuage avant l’orage, Il passe, instant merveilleux sans ambages. Puis s’estompe, laissant la terrible place A la révolte intacte faisant face ! Qu’elle est-elle, qu’y vois-je me demandez-vous ? Quelle est la vraie vie dont je rêve et vous ? Celle qui apaise, disons-le clairement, Le moindre espace de son petit moment !
J’aimerais dire la fatigue qui monte De courir sans fin le menteur et sa honte, D’affronter l’escroc dont l’âme si perverse Se réjouit des bons naïfs qu’il renverse.
J’aimerais pleurer les pauvres privilégiés N’ayant nul mérite d’être bien attablés. J’aimerais aussi plaindre son air dédaigneux A l’arrogant, fier à en être orgueilleux, Le cynique et le faux riche complaisant, Ou le pauvre qui en est devenu méchant !
J’aimerais pouvoir louer l’aïeul rendu sourd ! Courir avec le jeune encore bien gourd ! Pardonnez à la liste son ignorance A y noter d’autres multiples présences … Mais je suis fou à ne trouver ma famille Qu’en dehors de ce monde de pacotille !
Pauvre monde où se débattent sans arrêt Les maux des hommes, colères et intérêts. Sûrs de détenir la vérité, ces diables Revêtent des costumes bien misérables !
J’aimerais crier qu’il faut que cela cesse Et crier que l’histoire nous intéresse. J’aimerais saupoudrer partout de la beauté, L’accompagner d’une naturelle bonté. Convaincre alors, grâce à tant de magie, L’espoir naissant au sein de notre folie.