Terre d’angoisses aux rues incertaines, Tes enfants ne jouent plus là où ils veulent ; Abimée, laissée à sa déveine Où ne croissent qu’ombres devenues seules.
Périphériques ou grandes avenues Aux balcons de fer où des draps râpés flottent ; Bâtis symétriques, à perte de vue, Où noirs cocons crachent des joues pâlottes.
En haut, là où le soleil ne fait que glisser, A travers des grilles lasses et branlantes, Des yeux sans regard observent des étrangers Confortés d’un trottoir pour seule attente.
Des flots d’aciers idiots affluent incessants Et charrient sur le noir bitume-prison Les fantômes trop tôt réveillés et tremblants Qui roulent, billes sottes, défaits de raison.
Quand tombe la nuit sur l’enfer de béton armé Les chats fouillent les poubelles, des hommes aussi ; Des sirènes arc-en-ciel affrontent les pavés ; La ville enfin s’endort sur son gris paradis !