Souviens-toi, maman, de notre armoire blanche. Il y avait tous les souvenirs du jeune âge : Bijoux en toc et jeunes filles volages, Des revues, des journaux, des ordonnances.
Pêle-mêle, des curieux bouts de ficelle, Des “riens “anodins, des “tout” venant de chacun. Une balle sur chaîne et plaque de chien Et des pleurs et des rires qui s’entremêlent.
Des cartes postales de vols impossibles, Des clefs qui n’ouvrent rien, de pauvres bricoles, Des livres, des cahiers de la tendre école ; Traits rouges, verts, écritures invisibles…
Un plumier en bois, une plume violette, Des pensées séchées des années-lycée, Un billet plié, moue d’une mariée ; Puis des lettres, des lettres, lettres à tue-tête.
Sur l’armoire blanche gisant sur la dentelle De blafardes photos toutes apprises par coeur, Des costumes démodés, des voilettes de soeur : Une famille pour que l’on pense à elle !
J’ai fait enfin comme tu m’as demandé, maman, L’armoire blanche a fini en poussières Avec tout dedans, tous ces nids de misères, En un feu si haut pour toi, jusqu’au firmament.