Là-bas, derrière, il y avait une maison Cachée au milieu de la forêt d’Emblise. Vieille bâtisse de garde ou de bûcheron Abritée de tout regard de convoitise.
Pas d’eau courante ni même électricité, Un feu à bois éclairait cette forteresse. Et quand le soir refermait sa paisibilité Les lendemains chantaient de leurs belles promesses.
J’avais alors six ans, mon frère vingt quatre. Mon école était le ciel et les nuages, Pour lui : usine et violence pour théâtre ! C’était mon frère aimé dans la force de l’âge.
Devant la maison avançait une colline De coke, de ferrailles rouillées, de vieux papiers Charriés chaque jour par une proche usine Ainsi faisant barrière avec le monde entier.
J’escaladais souvent la petite montagne Qui me livrait ainsi les secrets de la douleur Des hommes prisonniers de ce mât de cocagne Echafaudé patiemment au prix de leur sueur.
Les saisons donnaient à la colline des hommes Ses belles couleurs, ses fleurs et sa neige d’hiver. Quand nous grimpions ensemble, j’aimais en somme Rêver à la part d’enfance de mon grand-frère.
Parti à l’assaut de sa vie, alors souvent, Feuilletant comme arraché mon livre infini, Tout en haut de notre colline du hurle-vent, J’ai compris bien tôt les hommes et leur folie.
Là-bas derrière, il y avait une maison J’avais alors six ans, mon frère vingt quatre. Notre enfance n’avait ni âge ni de raisons Nous la partagions sans de futur à débattre …