Et voilà ! la folle vitesse des jours nous sépara. Lui, parti faire sa vie, moi découvrant la mienne. Un telle différence d'âge forcément creusa Irrémédiablement le fossé de deux âmes en peine.
Que peut-on saisir d'une âme d'enfant née à la guerre ? Mains et coeur durcis sous l'abominable bruit des bombes, Courses effrénées, obus, sous le ventre du père Trouver du rêve sous la pluie de gravats qui tombent !
Sur une étagère traînait un premier prix de travail Gagné par le bon élève d'une classe sommaire. Un livre d'avions, de pilotes vainqueurs de batailles, Piètre référence consultable en cas de guerre !
Ce fut la seule distinction de son parcours scolaire N'ayant eu d'autres possibilités de récompenses Qu'à feuilleter bien plus tard des souvenirs de misère Ayant frappé lamentablement si tôt son enfance.
Fruit du premier amour, voilà le berceau qui t'a bercé ! Mais tes yeux ont gardé, malgré parfois des éclairs guerrier Le regard bienveillant d'un frère sur le petit bébé Arrivé tard et si fragile qu'il pourrait se briser.
Et de tes bébés, tu as eu celui que j'ai tant aimé. Je prendrai le relais du regard par toi initié ! Ce neveu chéri, j'en serai son grand-frère à jamais. Arrive, n'ait pas peur, nous saurons bien te protéger !