Parfois assis sur le sable de la plage, Tout au loin, on peut voir venant du large Un bruyant radeau bringuebalant sur les flots Chavirant hors d’haleine son vieux rafiot.
Les uns finissent bravement à la nage. Les autres, épuisés du long voyage, Atteindront les côtes noyés dans leurs rêves Mais fiers jusqu’au bout de toucher la grève.
Hommes, femmes, enfants dans cette galère, Fuyards rescapés du bout de la terre Venus escompter la parcelle modeste De quelque accueil ou de quelque geste.
Ils ne trouveront que méfiance et rejet, Leur lourd chagrin ne faisant que commencer. Toi l’étranger, toi l’inconnu, tu es la Peur Attablée au comptoir d’un sort meilleur !
Mais leur force n’a d’égal que leur courage. Ayant surmonté vagues et orages, Ces voyageurs harassés du bout du monde Sont dès-lors armés pour toutes les frondes.
La peur engendrant la peur aussi aux hommes Si cantonnés en leurs quartiers en somme S’estompe bien souvent, afin de partager Tous leurs rêves, au fond, si peu étrangers .