Ma muse, faut-il que vous me plûtes, Qu'avec tous les charmes que vous eûtes, Qui m'esbaudirent et m'alanguirent, Et nonobstant bel avenir, Laissant là, loin, pauvre Paris, Jouant musique avec un luth, Vous m'emmenâtes comme vous pûtes...
Fini la soupe populaire, Les noires besognes et puis les airs D'accordéon dans les bistrots Du Montparnasse, et le flûteau Qu'accompagnait mes ritournelles Faisant danser les jouvencelles... Faut-il vraiment que vous me plûtes Pour m'emmener comme vous pûtes?
Et révolus les tristes soirs Que les sons gauches de ma guitare S'évertuaient à égayer, Près des parvis, sur les pavés... Quand laissant là tous mes amis Sur les nuages du paradis, Avec simplement une flûte Vous m'emmenâtes comme vous pûtes!
Certes, ce fut le grand bonheur. Amour s'installa en mon cœur, Si fort que ce fut grande folie... Telle une tempête que tout détruit En un sale jour, ce fut la chute; Laissant là poète et luth, Vous me quittâtes comme vous pûtes!...