Où s'en vont donc nos rêves Au petit matin qui désertent nos mémoires Se rendent-ils sur une lointaine grève Pour mieux nous reconquérir chaque soir
Rêves vous qui forcez nos consciences Quand la nuit complice assujettit nos corps Au sommeil profond ce puits de silence Tandis que mille bruits s'attardent au dehors
Rêves vous qui profitez de nos petites morts Où nous précipitent les ténèbres renouvelées Pour assaillir avides et sans l'ombre d'un remords Nos temples assoupis dont vous détenez les clefs
Rêves vous qui cultivez les mystères de vos messages A vous décrypter nous ne savons pas toujours êtes-vous nos sentences annonciatrices d'orages êtes-vous les soleils naissants de nos beaux jours
Rêves ne seriez-vous que le fruit de nos cerveaux débiles Exacerbés par les sens affamés qui dirigent nos vies Rien qu'un épanchement impudique de nos désirs fragiles Qui contente dans nos sommeils nos bataillons d'envies
Où s'en vont donc nos rêves Quand l'aube menace puis culbute la nuit Avec le jour c'est une bulle qui crève Le faiseur de songes au grand galop s'enfuit