Et si un coléreux éclair déchirant le firmament N’avait capté mon regard malicieusement, Et si ton visage noyé dans la confuse obscurité N’avait reflété cette lueur inespérée,
Le secret de tes yeux serait encore inviolé, Ta chevelure enflammée n’aurait couronné Les deux émeraudes parant ton visage, Impavides prunelles porteuses d’espoirs, Promesses d’ailleurs et d’horizons à conquérir,
Mais mon âme candide ainsi profanée N’a osé traverser ce Rubicon tant espéré, A peine si mon bras tremblant n’a esquissé Un élan, rien qu’un élan ; à peine un geste, Un mot, pouvait rompre le charme funeste,
Instants si fragiles d’éternité finissante, Vaine quête d’aventures diaphanes,
Mais tu m’as dépassé d’un air rieur, Fantasque et sauvagement ingénu, T’enfonçant dans la brume nocturne Comme les chevaux de la mer au couchant,
Qu’ai-je fait ? Pourquoi n’ai-je osé ? A peine un instant plus tard, il était minuit.