Je connais des gens Qui savent devenir un arbre Lorsqu’ils sont en état méditatif. Je les envie, moi je ne sais pas.
J’avais un ami, un bouleau, long, majestueux, Fier, près de la rivière St-Maurice en Mauricie. Pas très loin Il y avait des lignes électriques À haute tension Et je m’en servais parfois Pour dire «je t’aime» à l’homme que j’aimais.
Si la peine débordait de mon cœur J’allais me confier à ce grand arbre, Il m’écoutait, Les oreilles du coeur grandes ouvertes Sans dire un mot. Et puis je l’entourais de mes bras Pour échanger nos énergies réciproques, Je le faisais pour le remercier.
Un jour que je réalisais cet échange d’énergie, Un son étrange, Presqu’une plainte est sortie de lui. La peur m’a paralysée un moment Et je me suis enfuie, Laissant cet ami avec ses frères.
Je suis déménagée Et pendant quatre ans Je n’ai pas revu ce confident.
Lors d’une visite à La Tuque Je me suis rendue près du barrage électrique D’Hydro-Québec pour le revoir. Il n’était plus là. On l’avait coupé. Pourquoi lui et pas ses frères. Je ne sais pas Mais je me plais à penser Qu’il est devenu depuis, Un humain ou un chat.