A Big Sur, ils s’étaient tous assemblés, Une nuit où les fantômes frémissent, Entre leurs doigts, le sable s’égrenait Dans les remous d'une mer en supplice. Ils évoquaient leur jeunesse fiévreuse Quand ils cherchaient à surprendre l’aurore, Tandis que sur des falaises brumeuses, Elle déversait ses larmes en or, Ces perles d’amour forgées dans les nuits Au son des tambours que berçaient les pluies. Dans le feu ardent et ses langues vertes Ils contemplaient les forêts du soleil, Les marais enflammés et les rainettes Qui gonflaient, entétées, leurs joues vermeilles.
L’un trouva son dharma au chant du coq Alors qu’il charmait un faisan doré Et partit sur la route sans breloques. Un autre hurla tout halluciné: “Satori, William Blake, tu m’as guidé!”. Mantra extatique au son d’hippocampes, Ces saxos d’enfer explosaient les lampes Dans le bar houleux d’un chaman givré. Un triste avatar de Guillaume Tell Logea un pruneau dans le front d’un ange, William, ému, chercha des mirabelles Dans sa machine molle aux lourds mélanges. Un corso fleuri que fauchait la mort Avançait sans bruit, ses chevaux sans mords, Grégory attend que passe le temps Que vienne l’amour dans les mains du vent..*