« Nous vaincrons » disait-elle, L’arrogance des grilles qui ceignent nos demeures, Le fracas insolent des cités sans mémoire, Les vapeurs insidieuses où gémit un poumon, Les rivières bilieuses que des rats sanctifient.
« Nous vaincrons » disait-elle, Les souvenirs trompeurs d’une vie sans souffrance, Le miroir ébloui d’une jeunesse aimée, L’indolence des jours où les rêves s’accouplent, L’infini de la mer où l’espoir se survit.
« Nous vaincrons » disait-elle, Cette tour ambitieuse où chacun fanfaronne, Cette soif insatiable de conquêtes futiles, Cette ardeur à détruire ce qui n’est pas à soi, Cet oubli récurrent qui colle à nos semelles.
« Nous vaincrons disait-elle, En bon présbytérien sans regret ni remord, Ces fantômes en haillons campés sous la City, Ces mouflets faméliques qui troussent nos poubelles Ces culs-de-jatte piteux qui souillent nos perrons ».
« Nous vaincrons » disaient –elles, Les deux voix emmêlées Comme deux duettistes en écho opposé, Une couronne gisante se tordait en sifflant, Une larme noyait la reine des illusions.