Toi, junkie sidéré dans une nuit sans astre Comme ta peau d’ébène où s’acharna le fouet Dans l’enfer en coton, ton ancêtre humilié Rampait, nu dans les champs, vendu pour quelques piastres.
Les forêts du Ghana, les plaines du Mali Où rêvaient les guépards au vol des flamants roses, Les splendeurs irisées des nuages assoupis Qui berçaient l’horizon de leurs métamorphoses,
Se sont pulvérisées dans le ventre pourri De ces ogres des mers où l’esclave a gémi, Marqué par le tison qui abolit son nom, Ne restera qu’un corps soumis aux vexations.
Des siècles sont passés mais qui a oublié Les cris effroyables des peuples accablés Tels des chiens affamés dans des cages grinçantes Qu’aveuglait un soleil de ses flèches ardentes.
Georges, avais-tu gardé au fond de ta mémoire Ces hurlements de peur d’un enfant délaissé Dans l'obscène cité prodigue en cruautés Où tant de condamnés sniffent leur désespoir.
Tu cherchais, hébété, le secours d’une main, Tu trouvas, étouffé, le genou d’un chrétien.