Un frimas automnal répand ses doigts glacés Sur les troncs décharnés des pâles peupliers, Un corbeau furibond croasse sur l’étang Où des joncs s’emmêlent comme des longs serpents.
Des traces sont gravées sur un chemin tortueux Qui sillonne en silence jusqu’au vieux cimetière, Bordé d’ormes ployés sous les grands vents hargneux, De haies squelettiques où les rats noirs se terrent.
J’avance solitaire au milieu de murmures, Des ombres fuyantes tournent autour de moi, Les nuages défilent dans un ciel en effroi, Cruellement ridé de sanglantes blessures.
J’avance lentement, vers où je ne sais pas, Un charretier taiseux m’a déposé plus bas, D’un signe de la main m’a montré le sentier, Où je glisse furtif comme un spectre angoissé.
Car je sais que la fin de mon vagabondage Sera plus effrayant qu’un tragique naufrage, Car j’aperçois parfois au-delà du grillage La terre retournée pour mon dernier voyage.