Toute personne qui tombe a des ailes Qui vont se déchirer sur les rochers « Nous descendons d’un ciel blanc », disait-elle, Sur les radeaux déchus des écorchés ».
Masquée de nuit, dans sa ronde infernale, La faute nous a plongés dans l’abîme, Dans les flots des tourmentes diluviales Qui charrient les cadavres de nos crimes.
N’est-ce donc pas la peur qui l’a commise Quand nous avons découvert notre sort Retenu dans les filets de la mort, Impitoyable pêcheur des banquises ?
Nous avons franchi des forêts de brumes Où soupiraient tant de rêves posthumes, Nous avons voulu connaître l’amour Sans offrir son fruit à l’orée du jour.
Au pays comblé de verts pâturages, Nous avons voulu arrêter les heures, Mais la terre meurtrie de nos saccages Nous a expulsés tels des maraudeurs.
Les ailes brisées, nous chutons sans cesse Malgré nos clameurs et cris de détresse, La nuit nous ravit dans son char pluvieux Que des chevaux fous éloignent des dieux.