La mer trompe l'espace et abolit le temps, Sans cesse elle brasse les siècles engloutis, Leur blanche chevelure aux remous infinis, Les lointains visages qui roulent dans les vents.
Quand elle mugit fort, les hommes se souviennent De cette étrange époque où ce miroir vivant De son appel puissant les égarait longtemps Dans leur tristes passions et leurs rancœurs anciennes.
La rage de dompter l'éternité des vagues, D'explorer à l'excès le lourd cœur des abysses, De percer le secret de l'immense matrice
Et pouvoir échapper à ce funeste sort Que jamais l'océan n'a rencontré encore Et qui, chaque nuit, me transperce de sa dague.