Savez-vous que là-bas, on sculpte des visages Qui vont peupler les nuits de leur souffle sauvage, Savez-vous que là-bas, on forge des étoiles Qui vont accompagner les plus humbles sandales ?
Un peigne de lumière soulève la crinière Du grand lion des mers qui rugit en colère, Des méduses mauves dans les arceaux lunaires Flottent en symbiose tels des frères convers.
On me dit que là-bas, les bouffons sont seuls rois Quand tintent leurs grelots, on se courbe narquois, On me dit que là-bas, des enfants font les lois, Tels des origamis qu’on suspend dans les bois.
Des roses ruissellent dans des fleuves de feu, Des bossus ombrageux claudiquent dans les cieux Et quand rôde la mort, on la jette aux volcans Ou sur un cerf-volant, on l’envoie au ponant.
On me dit que là-bas, on a volé le temps, Plus rien ne peut vieillir, l’avenir est avant, On me dit que là-bas, vaguent des peupliers, Ces gardiens solennels de l'ultime Thulé.