Alertez les bébés que leur marchand de sable Est un vil traficant, friand de tours pendables, Que son tapis volant est un cargo dément, Il sème le chaos et vole les vivants .
Alertez les bébés que leur prince charmant Est un banquier roublard aux dents de caïman, Qu’il affame les gens dans son château de verre Et pille les mendiants juqu'à leur dernier ver.
Alertez les bébés que les étoiles mortes Ne brillent qu’un moment sur un sapin croulant, Les rois mages sont las ainsi que leurs escortes, Le St Graal s’est rouillé dans un vaseux étang.
Alertez les bébés qu’il leur faudra du temps Bien plus que de l’argent pour vivre décemment, Apprendre à estimer ce qui n’est pas de l’or Et ne s’achète pas par quelques fats sponsors.
Apprendre à regarder ce qui ne se voit pas Sur l’écran des fumées qu’on nous donne en appât Et chercher le silence aux bord des lèvres noires D’une rive nocturne où glisse le brouillard.