Dans la barque de nos amours Où filent les ombres des jours, Sur tes paupières d’aubépine J’ai posé cette cornaline, C’est le cœur pur d’un ibis rouge Que forgea jadis le soleil, Fut recueilli avec la vouge D’un poète dans son sommeil.
Au fil de l’eau coule le temps Et le visage des amants.
Dans la barque de nos amours Où paressaient tous ces beaux jours, Je t’ai tissé, t’en souvient-il, Des rayons de lune fragiles Avec de beaux lambeaux de brumes, Que tu portais comme un foulard Dans tes cheveux de traquenard, Que les vents du désir parfume.
Au fil de l’eau s’en va le temps Et le visage des amants.
Dans la barque de nos amours Où les nuits cherchaient d’autres jours, J’ai jeté l’ancre de nos rêves Qui brillait au fond comme un glaive, Je t’ai bercé de souvenirs Avec ce luth orné d’étoiles, Tes yeux s’ouvraient comme une voile Voguant vers le dernier soupir.
Au fil de l’eau s’oublie le temps Et le visage des amants.