Quand la lune roule sur les vagues nocturnes Folle décapitée, furibonde, écarlate, Sur les hauts toits d’hiver, dans l’ombrage des dunes, En mille étincelles rageuses, elle éclate,
Quand l’orage mugit dans les vallées livides Ecartelant les troncs des tilleuls effrayés, Que des typhons sifflants dévastent les forêts Où rampent des serpents aux mâchoires avides,
Quand, du marais sournois, glissent des tentacules, En gargouillis baveux répandant leurs hideurs, Pour s'élancer, visqueux, dans le froid crépuscule Vers les sombres cités où résonne la peur,
Si la chambre en terreur s'étouffe dans une ombre Qui toute à son effroi gémit dans la pénombre Puis, dans un grand miroir contemple son image Qui, insensiblement, rappelle ton visage,
Dès l'aube, si tu vois des ténèbres couler Et dans l’écho lointain ces quatre cavaliers, Fantômes écumants au galop enfiévré, Parcourir l’horizon aux sanglantes nuées,
Sortiras-tu alors du cauchemar atroce Qui chaque nuit t’étreint de ses ongles féroces, Ouvriras-tu alors tes fenêtres prostrées Pour encore entendre des sabots marteler ?