Arrête de ta main ces fragiles feuillets Qui tombent chaque jour d’un vieux calendrier Sois comme Pénélope et ses doigts si gracieux, Vient retisser mes jours et mes cheveux pluvieux.
Que ton fil d’Ariane guide mon pas troublé Dans ce long labyrinthe où j’ai souvent cherché Les secrets de l’amour caché sous un rocher Que ce pauvre Sisyphe n’a pas su déplacer.
Comme la fée Morgane aux élixirs puissants Rajeunit ma mémoire, accorde-moi le temps De retrouver au fond de ce vaste océan La clef de ce bonheur que j’ai perdu, enfant.
Va retrouver ma lyre enfouie dans les enfers Que j’égarais un soir quand gémissait l’hiver, Ma belle Sulamite, apprends-moi le cantique Qui raniment le feu en ces heures tragiques.
Dans cette île déserte au sable inexorable Qui disperse mes ans de son grain implacable Perce ces nuages de ton arc, Artémis Donne-moi la force, que les voiles se hissent !
Offre ce long voyage à mon cœur fatigué De ces lourds bagages qu’il a longtemps portés Sois reine de Saba mais ne soit pas idole Emporte-moi là-bas où tintent les corolles.