Chaque nuit, noir vêtue, dans son patio austère, Assise et immobile, une automate en deuil, Que voyais-tu au loin par ce rugueux hiver, Etaient-ce ces vieux trains sombres comme un cercueil ?
Quel fantôme amoureux initiait la sirène Qui, plaintive, appelait les voyageurs en peine, Ces ombres condamnées à traîner sur le quai Dans l’espoir d’un départ à jamais ajourné.
Ces visages brumeux n’étaient-ils qu’illusion De souvenirs figés d’une ancienne passion Quand, jeune, tu charmais, les cheveux en bouquet, Ces serpents sauvages et ces tigres sacrés?
Maintenant, tu scrutes sous les lointains portiques, Deux corps entrelacés, pétrifiés par la lave Qu’expulsent, endiablés, ces amours volcaniques Qui défient le temps et finissent esclaves De leurs désirs brulant comme une étoile errante Dans l’obscur infini que ta mémoire hante.