Les cheminées lèvent leurs doigts Vers le soleil qui n’est plus là, Elles lui soufflent leur fumée Et lui font signe de rester, Mais rien n’y fait, c’est le frimas Et ses loups blancs du Dakota Qui tourbillonnent en nuées D’un ciel courbé vers ses pensées.
Les cheminées ont le coeur lourd, Il gronde là haut dans leurs tours Où s’accolent emmitouflées Deux colombes désespérées Car la bise siffle hargneuse Des ritournelles disgracieuses Qui vont agresser les passants Voûtés tels des bossus braillants.
Le ventre noir des cheminées Digère mal cette flambée, Ses langues de feu lui font peur, Le voilà craquant, en terreur, C’est l’heure où la reine des neiges Et ces fées blanches en cortège Vont visiter les moribonds Pour les guider vers Avalon.
Les cheminées voudraient partir, Lever l’ancre sans un soupir, Voguer sur les mers des nuages Vers les pays des puissants mages Et devenir de fiers vaisseaux Aux cales emplies de joyaux Mais la nuit lugubre ricane, La flamme doucement se fane.