Egrenons la graine quand creusent les grillons, Semons la semence quand saigne l’horizon, Les doigts éparpillés quand le vent les assaille, Projettent par milliers des demains en pagaille.
Certaines périront, étouffées par les ronces, D’ autres dessécheront sous l’étoile torride, On en verra chuter dans les torrents perfides Et d’autres s’accrocher aux piquants de l’oponce.
A l’heure des moissons, sous un ciel impassible, Qui donc se dressera de ces sillons paisibles, Ces belles mèches d’or peignées par le soleil Ou la sournoise ivraie qui trouble le sommeil ?
Car personne ne sait qui donc viendra un soir, Qui viendra récolter, entouré de brouillards, Ce que l’on a semé dans cette vie fiévreuse Et puis s’en est allé à l’heure ténébreuse .