Tu perds ton temps, Chronos, à vouloir le compter, Tu vieillis tel le vent mais qui donc peut le voir, Dans tes propres enfants que tu vas dévorer Quand ils vont trébucher, ridés de désespoir?
Qui pourrait se soustraire aux heures cannibales, Leurs flèches imbibées d’un poison radical, En cadavres hurlants, nous serons tous offerts Au féroce appétit de tes crocs délétères,
L’un s’acharne à trouver l’élixir de jeunesse, L’autre veut arrêter son horloge funeste, Chacun au fond de soi se figure sans âge Accusant le miroir de ternir son image,
Tous se sont révoltés contre ta tyrannie, Des savants obstinés aux épris de magie, Pourtant, nous le voyons, noire ombre sur la neige, Ton corbeau ricanant de nos oiseux stratèges!
Prends donc ton temps, Chronos, nul ne peut t’échapper, Laisse-nous quelques jours pour apprendre à aimer.