La lune bleue est-elle orange Quand dans le ciel son sang s’épanche, Alors que pleure un si bel ange Dans son berceau aux ailes blanches ? La lune et sa couronne fauve Dans le cirque aux nuages mauves Eclaire ces noirs trapézistes Qui glissent le long des faisceaux Des étoiles du grand verseau, Ce sont les rêveurs d’améthystes, Noctambules aux regards fixes Où passent les vents de la nuit Comme dans un miroir d’onyx Quand miaulent tous les chats gris ?
Les verras-tu mon si bel ange, Tapis dans la campagne étrange Et leurs yeux de verroterie Darder les branches, pleins d’envie ? Où suivras-tu les acrobates Jongler avec mille lucioles Devant des fenêtres béates Où s’engouffrent des farandolles, Alors, tes doigts de porcelaine S’agitent en Napolitaine, Tu pousses quelques cris joyeux Qui retentissent dans les cieux Et sur tes tempes adorées Glisse la main de ton aimée, Celle qui t’a porté longtemps Comme un berceau sur l’océan.