Sous les portiques des profondes abysses, Se lèvent les vagues veilleurs de l'ombre, Formes fugitives habitées d'effroi. Enfouies dans l'antre des roches immémoriales, Elles errent en quête des soleils oubliés Dans un chaos de silence.
Pas un bruit, pas un éclat ne témoignent Des formidables fracas qui les ont engendrées, Des astres ensevelis qui les ont irisées, Elles errent en quête des paroles perdues, Pénitents tragiques que les Démiurges expulsèrent De leurs palais impitoyablement dévastés, De leurs temples aux chuchotements austères.
Abandonnées comme de sinistres ébauches, Ces pauvres vies difformes du Grand Oeuvre Avancent, aveugles, vers leur obscur destin. Autour d'elles, dans cette nuit fossile, circule Le souffle fécondant d'où la terre a surgi.