Où vont se perdre les ombres de la nuit Quand le coq des brumes chante l’aurore, Se cachent-elles au fond d’un puits Dans un écho qui hante nos mémoires, Dans une plaine sans limite où dorment A tout jamais les ossements des heures perdues ?
Nous ont-elles laissé un peu de leur histoire, Celle que transportent les gouttes de pluie Qui vont plus tard reluire sur les trottoirs Tout ravinés de pas blessés ? Il faudra retrouver la fêlure de l’aube première Quand le miroir m’a découvert Une autre personne.
Il faudra retrouver les empreintes Des hiboux blottis dans la mansarde, Leurs prunelles de feu qui perçaient les ténèbres Et éclairaient ce visage, Le mien que je ne reconnais plus.
Dénuder le ciel étouffé dans les feuillages lourds Des puissants marronniers Aux coques béantes comme un sexe sans avenir.
Pour, enfin, recueillir derrière l’épouvantail Tout lacéré des morsures de l’hiver, Cette fragile silhouette semblable à deux ailes Piétinées dans la fange.