Est-il le Dieu des morts ou celui des vivants, Ne peut-on en douter en voyant son château Où tant de grands cadavres flottent dans ses douves, Où tant de cris percent ses chambres de torture?
A-t-il donné la vie en gouttes de cyanure A-t-il donné la mort quand va hurler la louve ? Il a laissé ici auprès des vermisseaux Des sépulcres blanchis au crâne ricanant.
Est-il le Dieu chrétien ou bien celui des Maures Qui se sont tant aimés dans des guerres sans fin ? Est-il la trinité ou la dualité ? Ecartelés, brûlés n’ont pu s’en accorder.
Qui a tendu la joue, qui s’est fait pardonner Dans ce palais bruyant empli de vanité ? Qui a soigné le pauvre et sauvé l’orphelin Dans la sanglante arène où trône un matador ?
Es-tu le Dieu mourant ou encore vivant, Viens-tu du ciel profond ou du vaste néant, As-tu façonné l’homme au gré de ton image, T’a-t-il défiguré de ses griffes sauvages ?