Quelle fenêtre frémissait d’effroi Quand passait Ambrosio, le moine fou Tourmenté par une brume rouge D’où jaillissaient des clameurs atroces? Incestueux, impudique débauché Combien de fois, s’était-il pendu Aux arbres décharnés comme de spectres Hallucinés par la reine de la nuit Qui leur décochait furieuse ses traits d’argent. Mais le maudit n’était-il pas condamné A revivre l’enfer de ses péchés Que Lucifer lui avait accordés A la condition de lui concéder son âme Toutefois si corrompue que le cornu fut dupé! Restait alors ce châtiment raffiné: Lui offrir ce que tout humain convoite; L’éternité, bien sûr, mais celle de ses vices, De ses horreurs, de son désespoir suicidaire, Car à quoi bon l’immortalité Si la conscience, ce bourreau implacable Tenaille férocement la chair souillée? Quelle fenêtre frémissait d’effroi Quand, sorti des ténèbres infectes, Un oeil rageur se collait à la vitre Cherchant a assouvir une ultime perversion Mais la maison est vide, Ambrosio, Ces habitants t’attendent au cimetière Pour un banquet funèbre où jamais tu n’iras! Quand tu te réveilleras de ce cauchemar, Quand dans ce miroir tu me verras, Quand, vêtu de ta soutane, tu reprendras ta route nocturne Qui jamais ne trouvera une aube, N’oublie pas d’emporter ta corde pour me pendre!