Planez, virevoltez, taquinez l'aquilon, Majestueux goélands où vont rêver mes ailes Ployées sous ce vieux corps qu'intaillent les saisons Et leurs chants moribonds que l'infini appelle.
Voltigez dans les airs, patineurs étourdis, Glissez sur les rayons d'un soleil ébloui Qui déversent son or vers les vagues avides, Ces pirates des ans, écumeurs impavides.
Emportez tout mon temps sur vos fières rémiges, Apaisez de vos choeurs ce vain coeur qui s'afflige, Donnez-moi l'océan recouvert par vos ombres, Ramenez mes vaisseaux noyés dans la pénombre.
Vous les suiviez souvent dans leurs sillons cinglants Que hantaient mes passions du haut de leur gréement, Vous resterez sereins sans songer aux douleurs, Attendant l'ouragan comme mes planes heures.